le docteur auzoux

Tout commence en 1822, lorsque Louis Thomas Jérôme Auzoux (1797-1880), présente à l’Académie royale de médecine un procédé de fabrication en papier mâché qui révolutionne la pratique de l’anatomie artificielle. Présentant d’abord avec succès des modèles humains, entièrement démontables, il diversifie sa production en fabriquant des organes, des animaux et des plantes.

Tel que le raconte Christophe Degueurce dans son ouvrage « Corps de Papier » aux Editions de la Martinière, il s’agit d’un étudiant brillant, fils de cultivateurs aisés, qui s’intéresse très vite à la question de substituer les cadavres dans le cadre des dissections. Il s’agit en effet d’un enjeu majeur pour les médecins de l’époque car il n’existait pas encore de produits anti-infectieux et à la moindre coupure d’un scalpel souillé, ils risquaient de s’infecter gravement au cours de leurs dissections.

C’est en 1834 que l’anatomie artificielle du Dr Auzoux prend le qualificatif de « clastique ». Dérivé de sa racine grecque, le terme veut dire « rompre » ou « briser ». C’est donc une pédagogie par le morcellement qu’il conçoit, une forme de didactique sensorielle. Il monte sa propre usine de modèles anatomiques dans son village natal, Saint-Aubin-d’Escroville. Le Dr Auzoux forme ainsi ses ouvriers à la confection délicate de ces pièces. Il s’agit en fait d’un alliage de poudre de liège avec du blanc de Meudon, du papier et de la filasse, le tout renforcé par une armature métallique. C’est ainsi, en véritable entrepreneur, qu’il décide de pourvoir à un besoin majeur du corps médical du 19e siècle.

Aujourd’hui ces pièces sont dispersées dans le monde entier. La plupart d’entre elles sont vouées à l’abandon, considérées comme désuètes, d’autres rachetées à des milliers d’euro. On en retient leur caractère esthétique et poétique mais il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’objets didactiques et qu’ils ont servi à former nombre de médecins.